La place de l’emprunt dans l’argot de Budapest[1]
Dávid Szabó
Université
Eötvös Loránd,
Budapest
0. Résumé
Hungarian
slang seems to be much older than the wordlists dating from the last quarter of
the 18th century traditionally considered the oldest documents of Hungarian
cant: some 14th century proper names could also be regarded as examples of
underworld slang. While the 18th century lists contain but very few loanwords,
one of the main charcateristics of the urban slang that develops in Pest and
Buda (later Budapest) in the 19th century is the particularly large number of
borrowings from languages such as German, Yiddish and Romany. Although this
mostly foreign slang was magyarized during the last decades of the 19th
century, present-day Budapest slang still contains 25-30 % loanwords (many of
them borrowed from English and American slang) most of which, however, can be
regarded as borrowings only from a diachronic point of view.
1.
Présentation historique
Les plus anciennes traces écrites
d’argots en Hongrie ne remontent pas aussi loin dans l’histoire que celles de
l’argot français, du cant anglais ou
du rotwelsch allemand. Cependant,
selon certains spécialistes, les argots hongrois pourraient être beaucoup
plus anciens que les argotologues avaient longtemps l’habitude de penser: nous
sommes entièrement d’accord avec Tamás Kis qui trouve que la formation
d’un mot usuel comme koponya
(“crâne”) par substitution métaphorique à partir d’un sens “récipient”
est analogue à la création argotique et pourrait être, à la
rigueur, caractérisée comme telle,[2] bien que le dictionnaire
historico-étymologique du hongrois n’aille pas jusqu’à noter le
parallélisme incontestable. La première mention du sens “récipient”
datant de 1405, alors que le mot est attesté avec la signification de
“tête de mort” en 1529, le changement sémantique semble avoir eu lieu aux
XVe-XVIe siècles.[3] Ce qui manque, bien sûr, c’est le
témoignage de locuteurs contemporains qui auraient considéré le mot avec son
sens nouveau comme une création “argotique” ou, au moins, ludique.
Les premières listes de mots
argotiques ne datent que du XVIIIe siècle. Dans le domaine de
l’onomastique, en revanche, les mots les plus anciens auxquels on puisse
attribuer un caractère argotique ne sont pas beaucoup plus récents que
les premières attestations ouest-européennes et, en particulier,
françaises. Kis considère par exemple comme document onomastique de
l’ancien argot des malfaiteurs le nom Zagyurwagou
qui figure dans un verdict prononcé en 1364. Son porteur, qu’on désigne
également comme Filetlen Pál (“Paul sans oreille”) était sans nul doute un
voleur qui accédait aux objets de valeur en coupant les sacs: Zagyurwagou (szatyorvágó en hongrois moderne) signifie littéralement “coupeur de
sacs”.[4] Le fait que les premiers documents connus
soient des noms de personnes s’explique en grande partie par le rôle que le
latin a joué au moyen âge en tant que langue écrite de la Hongrie, statut qu’il
conservera partiellement de longs siècles durant parallèlement à
la diffusion puis la généralisation du hongrois écrit à partir des
XVe-XVIe siècles. Il faut noter qu’à certaines périodes
l’allemand a aussi joué un rôle important en tant que langue écrite.
Les argots hongrois sont ainsi bien plus
anciens que la première mention du phénomène attribuée
traditionnellement à Mikós Oláh, archevêque d’Esztergom, qui parle
en 1536 de la langue secrète (lingua
caecorum, “langue des aveugles”) des gueux de Simánd mais, malheureusement,
ne donne aucun exemple. Ces gueux qui mendiaient en chantant dans tout le pays
semblent avoir constitué une communauté fermée composée uniquement d’infirmes
(et faisant ainsi penser à la population des légendaires “cours des
miracles”) dont les membres avaient créé leur propre langage incompréhensible aux
non-initiés. Pour certains, il ne s’agissait en effet que d’un camp de tsiganes
situé en dehors du bourg de Simánd, alors que pour d’autres, ces gueux auraient
été des ménestrels ou jongleurs formant une sorte de corporation (comparable
aux corporations de gueux et malfaiteurs décrites par les historiens des argots
français ou à celles dont les traces étaient encore présentes en Russie
au XXe siècle) et avaient un langage particulier similaire à
celui des malfaiteurs.[5] Faute d’exemples concrets, ce ne sont que des
hypothèses invérifiables, mais les informations fournies par
l’évêque Miklós Oláh ainsi que
l’évaluation des arguments émis par les différents auteurs s’intéressant au
problème semblent donner raison à ceux qui considèrent la lingua caecorum comme un langage spécial
de type argotique.
Les “Coquillards” hongrois étaient les
membres d’une bande de voleurs qui exerçaient leur “art” essentiellement dans
les foires de la grande plaine hongroise quelque trois siècles
après l’arrestation de leurs prédécesseurs français. Les procès
qui ont eu lieu simultanément dans diverses villes de Hongrie en 1775-1776 ont
donné naissance à trois listes de mots dont la plus complète a
été jointe en 1782 au dossier du procès de la bande réorganisée. C’est
une copie de cette liste, portant le nom du notaire Jablonczay, qui a été
largement diffusée par la suite et qui est par conséquent le document le plus
connu du vieil argot des malfaiteurs.
Ces quatre listes qui - à
l’exception de celle de Jablonczay, la plus connue - sont, au moins les uns par
rapport aux autres, des originaux pouva
nt être ramenés à la
même source, constituent les documents les plus anciens du vocabulaire
argotique des voleurs de la grande plaine hongroise voire de tout le pays. Il
s’agit au total d’une centaine de mots dont certains figurent toujours dans le
vocabulaire argotique ou familier du hongrois.
Un autre aspect important du lexique des
voleurs de la grande plaine hongroise est l’origine magyare de la plupart des
éléments lexicaux. Bien que certains mots soient des emprunts au tsigane ou
à l’allemand, ce lexique est essentiellement de création
indigène, ce qui contraste d’une manière frappante avec l’argot
budapestois des XIXe-XXe siècles.
Après la rédaction de la
dernière en date des listes enregistrant les mots secrets de ces bandits
campagnards de la fin du XVIIIe siècle,[6] il faut attendre une cinquantaine d’années
jusqu’à la parution du document suivant d’un intérêt considérable,
la liste dite de Toronyai. Cette période n’en est pas moins marquée par des
événements majeurs du point de vue de l’histoire des argots hongrois. C’est
à cette époque-là que le centre des activités de la pègre
se déplace dans la capitale hongroise, Pest et Buda (qui deviendront Budapest
après l’unification des deux villes). C’est l’époque de la formation
d’un argot urbain au sens moderne.
Cependant, jusqu’à la fin du XIXe
siècle, la première langue de la grande ville hongroise était
l’allemand, une très grande partie des citadins étant d’origine
allemande ou juive. Cela explique le fait que le premier argot de la capitale
était sans doute l’argot allemand, le rotwelsch, et qu’au XIXe siècle,
on assiste à deux phénomènes parallèles conduisant
à la formation d’un argot urbain proprement hongrois: la germanisation
de l’argot rural magyar introduit dans la capitale par des malfaiteurs hongrois
ayant quitté leurs provinces pour la métropole danubienne, et la magyarisation
de l’argot allemand des citadins germanophones.
Il ne faut néanmoins pas penser que
l’argot hongrois essentiellement magyar de la fin du XVIIIe siècle ait
été simplement remplacé par un argot urbain composé majoritairement d’éléments
étrangers. Les argots ruraux des voleurs des foires villageoises et des bandits
de grand chemin[7] continuent à évoluer[8] parallèlement à la formation des
argots urbains et quoique les influences étrangères soient inévitables,
ils n’auront sans doute jamais atteint un niveau où le pourcentage des
éléments étrangers soit comparable à celui noté dans le cas de l’argot
budapestois.
La liste de Toronyai,[9] publiée en 1862, mérite notre attention pour
deux raisons. D’une part, malgré sa simplicité et l’absence de la rigueur
scientifique, il s’agit d’un ouvrage argotologique dans le sens où
l’auteur publie un glossaire (177 mots et expressions) destiné à un
vaste public, bien que - conformément à l’esprit de l’époque - son
intention, exprimée dans le titre d’une longueur impressionnante, ne soit pas
la description d’un langage mais la protection des honnêtes gens contre les
malfaiteurs.[10] D’autre part, ce lexique constitue un mélange
de l’argot rural et du langage de la pègre urbaine. Ainsi, même si
la fréquence des emprunts reste loin derrière celle qui caractérise
l’argot budapestois du tournant des XIXe-XXe siècles, la liste de
Toronyai témoigne de la pénétration progressive des éléments étrangers dans le
vocabulaire du milieu magyar.
Le dernier tiers du XIXe siècle
est également marqué par un essor urbain impressionnant; le développement de
Budapest n’a pas son pareil dans l’Europe contemporaine. L’arrivée massive de
la population rurale/provinciale majoritairement hungarophone dans la capitale
ainsi que la volonté d’intégration des citoyens hongrois d’origine
étrangère achèvent à la fin du XIXe siècle le
processus de magyarisation de l’argot de Budapest. Ainsi, le premier
dictionnaire d’argot (au sens classique du terme) digne de ce nom, celui de
Jenő et Vető,[11] présente déjà un vocabulaire argotique
indiscutablement hongrois mais qui ne comprend que moins d’un tiers d’éléments
d’origine magyare. Selon les calculs des deux auteurs,[12] 25 % des éléments contenus par leur
dictionnaire étaient d’origine hongroise, tandis que 33 % étaient d’origine
allemande, 20 % d’origine hébraïque et 5 % d’origine tsigane.[13]
C’est également à cette
époque-là qu’un argot vulgarisé, “fondu dans le bas-langage” selon
l’expression de Guiraud,[14] semble s’être formé à Budapest,
que Zolnay et Gedényi désignent par le terme jassznyelv (“langue de voyous”).[15]
Selon l’estimation de Bárczi, vers le
début des années 1930, l’élément magyar ne constituait toujours qu’environ
30-35 % du vocabulaire de l’argot budapestois, même si,
parallèlement à la magyarisation progressive de la ville, on
constatait une nette augmentation du nombre des lexèmes d’origine
hongroise[16].
Des faits relatifs à l’histoire de
la Hongrie au XXe siècle nous incitent à formuler
l’hypothèse selon laquelle le processus de la diminution de l’importance
des éléments étrangers dans l’argot magyar, constaté dès 1900, dut
s’accélérer à la fin des années 10, après la chute de l’empire
austro-hongrois plurilingue, et que la magyarisation du vocabulaire argotique
qui s’ensuivit ne fut que renforcée par l’isolement du pays dû à
la mise en place à la fois concrète et abstraite du rideau de fer
à la fin des années 1940. Cette hypothèse est corroborée non
seulement par l’estimation de Hoffmann selon laquelle, vers le milieu des
années 90, environ un tiers du vocabulaire du slang hongrois était d’origine étrangère[17], mais également
par les calculs faits d’après un corpus d’argot budapestois recueilli au
printemps 2000: moins de 25 % de ce lexique d’environ 2300 mots et expressions
sont d’origine étrangère.
Dans le courant du XXe siècle, il
se forme également en Hongrie une sorte d’argot généralisée que nous pouvons
appeler argot commun, avec le terme
introduit par Denise François-Geiger.[18] Il est impossible de déterminer avec
précision à partir de quel moment on peut parler d’argot commun en
Hongrie. Le “langage budapestois” que Bárczi décrit dans les années 1930,
c’est-à-dire la langue populaire pénétrée d’argot dans laquelle d’autres
langues spéciales (parmi lesquelles celles du sport ou des étudiants) déversent
aussi leurs mots particuliers et dont certains éléments passent dans la langue
générale, annonce déjà la formation d’un argot commun, alors que la
variété que Zolnay et Gedényi appellent “langue bâtarde” dans les années
1940-1950 semble, dans bien de ses aspects, correspondre à un argot
généralisé de ce type. Bien que nous ne soyons pas d’accord avec l’idée de
l’homogénéité de la jeunesse diffusée par les linguistes hongrois des années
soixante, les observations des spécialistes de la langue des jeunes témoignent
d’une manière évidente de l’unité frappante des variétés non
conventionnelles des jeunes. Finalement, le phénomène que Mihály Péter
caractérise comme slang dans son article publié en 1980,[19] ainsi qu’une grande partie du lexique contenu
dans le dictionnaire de slang de András et Kövecses (élaboré à la fin
des années soixante-dix mais publié une dizaine d’années après),[20] témoigne indiscutablement de l’existence d’un
tel argot généralisé en Hongrie et notamment à Budapest.
La chute du régime communiste a facilité
le travail des linguistes qui tentent de décrire le langage parlé d’un point de
vue sociolinguistique, parmi lesquels ceux qui s’intéressent aux variétés
marginales. L’intensification des relations avec le monde occidental a eu pour
conséquence non seulement l’arrivée massive de nouveaux emprunts (surtout
anglo-américains) ou la diffusion de certains types de lexique (par exemple
celui de la drug culture) dans
l’argot hongrois, mais aussi l’apparition d’une nouvelle génération de
linguistes qui ont facilement accès aux résultats des recherches
linguistiques (et notamment argotologiques) conduites à l’étranger.[21]
2.
Présentation synchronique: les emprunts dans un corpus d’argot budapestois
contemporain.[22]
Bien que nous ne soyons pas tout à
fait d’accord avec Pierre Guiraud qui
précise dans L’argot que “les
emprunts aux langues étrangères ont un très faible rendement
cryptologique; l’argot n’emprunte pas”,[23] nous pouvons constater que d’un point de vue
diachronique, l’emprunt aux langues étrangères fut sans nul doute moins
important dans le contexte français que dans le cas de l’argot budapestois
“cosmopolite” du XIXe siècle. Cependant, la France a beaucoup changé
depuis les années 50. Dans l’introduction de son dictionnaire du français
contemporain des cités, qui examine une variété particulière d’argot,
Jean-Pierre Goudaillier accorde une place majeure à l’emprunt aux
langues étrangères, notamment à l’arabe, au tsigane, à
l’anglo-américain et à des langues africaines.[24] Si nous examinons au hasard les cent premiers
mots de ce dictionnaire, nous trouvons que 21 sont d’origine étrangère,
c’est-à-dire le pourcentage est à peu près identique
à celui calculé d’après notre corpus d’argot hongrois
contemporain.
Etant donné que - surtout d’un point de
vue historique - le nombre particulièrement élevé des emprunts aux
langues étrangères constitue un des aspects les plus frappants de
l’argot budapestois, il n’est sans doute pas inutile de voir quelles sont les
différentes catégories d’emprunts qu’on peut identifier au sein d’un corpus
d’argot budapestois contemporain.
Les emprunts argotiques proprement dits
(c’est-à-dire ceux qui sont passés d’une langue étrangère
directement dans l’argot hongrois) peuvent être divisés, selon notre
hypothèse, en trois grandes catégories. La première serait celle
des emprunts récents ou “actifs”, c’est-à-dire des mots d’origine
étrangère qui peuvent être considérés comme emprunts d’un point de
vue synchronique. Même si, pour la plupart, les mots en question n’ont
sans doute pas été empruntés directement par nos enquêtés, ils auraient
pu l’être pour des raisons chronologiques et sociolinguistiques
(notamment la connaissance de langues, de civilisations étrangères
susceptibles de fournir des éléments lexicaux nouveaux). Nous pouvons classer
dans cette catégorie des anglicismes attestés nulle part en dehors de notre
corpus comme her[25] (“cheveux” < angl. hair, même sens) ou rollol
(“rouler (une cigarette de haschisch)” < ang. to roll, “rouler”), des anglicismes qui sembleraient être
d’un usage relativement courant de nos jours mais ne figurent pas encore dans
les dictionnaires, comme kúl (“décontracté,
cool” < slang cool, même
sens)[26] ou sit
(“cigarette de haschisch, shit” < slang shit,
même sens), ainsi que des emprunts à l’anglo-américain absents
des dictionnaires d’argot antérieurs au
début des années 90: par exemple, ceux de ANDRÁS et KÖVECSES (1989) et de
BOROSS et SZŰTS (1990) ne connaissent ni dzsoint
(“cigarette de haschisch, joint” < slang joint,
même sens), ni fles
(“<expérience positive>” < slang flash,
“brusque éblouissement sous l’effet de la drogue, flash”), ni szpíd (“amphétamine, speed” < slang speed, même sens), alors que le
premier est cité par les dictionnaires de FAZAKAS et de KÖVECSES,[27] fles
(sous la forme de flas) par FAZAKAS
et szpíd par KÖVECSES. A part la
majeure partie des emprunts à l’anglais de notre corpus, on pourrait
citer ici des emprunts à l’allemand comme gezelsaft “groupe d’amis” (cf. all. Gesellschaft) ou kopf
“tête” (cf. all. Kopf), ainsi
que gálává (“tête”), d’origine
russe, étant donné que ces mots ne sont pas attestés en dehors de notre corpus.
Mais c’est justement le risque d’avoir affaire à des hapax qui doit nous
inciter à être prudent.
Le deuxième groupe, bien plus
nombreux que le précédent, est constitué d’éléments d’origine étrangère
bien documentés par l’argotologie hongroise. Ce sont des mots qui ne sont pas
des emprunts aux langues étrangères du point de vue de la variété
argotique visée, c’est-à-dire l’argot commun contemporain des étudiants
budapestois. Il serait plus juste de parler d’emprunts interargotiques, vu que
les éléments de ce groupe figurent dans le vocabulaire des argots hongrois
depuis des dizaines d’années voire depuis bien plus longtemps. C’est que l’argot des
étudiants a emprunté des mots comme rüfke[28] (“prostituée, femme”
< yid. rüfke,“femme”) ou siksze (“femme” < hébr. Schikse, “jeune fille”; yid. Schekez, même sens) non pas
directement au yiddish, mais à l’argot de la pègre hongroise, et
vraisemblablement par l’intermédiaire d’autres variétés argotiques. Ceci est
également vrai pour les anglicismes issus de l’argot de la drogue comme fles ou sit, avec la différence non négligeable que ces derniers sont des
emprunts beaucoup plus récents que ceux faits au rotwelsch ou au yiddish, et
que le milieu de la drogue ne se distingue pas aussi nettement de celui des
étudiants que les autres activités liées à la pègre. Tous les
emprunts au yiddish et à l’hébreu, ainsi que la grande majorité des
emprunts à l’allemand et au tsigane appartiennent à cette
catégorie. Il suffit de noter ici que des mots d’origine hébraïque de
notre corpus comme haver (“ami” <
yid. chawer, “ami, compagnon”), héderel (“dormir qpart” < yid. Cheder, “chambre”) ou kajakos (“fort” < yid. kajah, “force”), ainsi que des emprunts
à l’allemand comme hári
(“cheveux” < all. Haar, même
sens) ou staub (“cigarette” < all.
Staub, “poussière”), ou leurs
variantes, sont cités par Bárczi en 1932, alors que des éléments tsiganes
recueillis par notre enquête tels kajál
(“manger”, cf. tsigane d’Allemagne chhaiàwa[29] “je mangerai”, sinto hal/lovári[30] xal
“il mange”), gádzsó (“homme”, cf. sinto gādzho,
“paysan”), kamázik (“aimer”, cf.
sinto/lovári kamel, même sens),
lácsó (“bien, bon”, cf. sinto lāchho, même sens) ou mindzsó (“vulve”, cf. sinto minč [31], même
sens; lovári mizh, même sens)
figurent déjà sur la liste de Toronyai dressée au XIXe siècle.
Nous pouvons également distinguer une
troisième catégorie d’emprunts particulièrement bien intégrés au
hongrois. Ici, il ne s’agit pas simplement de l’adaptation phonétique et
catégorielle (par ex., l’adjonction de désinences verbales magyares: fájtol “lutter; flatter” = angl. to fight “lutter” + voyelle de liaison -o + désinence verbale -l) qu’on peut observer dans le cas des
exemples cités ci-dessus. Il s’agit notamment de séries synonymiques obtenues
par substitution de forme à partir d’un emprunt. Un élément d’origine
tsigane comme csávó (“homme, mec”)
donne par exemple csákó
(littéralement “shako”) par attirance homonymique. La troncation et la
resuffixation de Hapsi (“homme”),
obtenu très probablement par altération de l’élément d’origine yiddish haver donne hapek, hapi, hapó et hapók. Même si ces mots sont d’origine étrangère, il
ne s’agit plus d’emprunt au sens propre du mot, étant donné que la déformation
s’opère à partir d’un élément enraciné dans le hongrois. Un autre
type de cette troisième catégorie est constitué de compositions et de
locutions dont les éléments sont d’origines diverses. Nous pouvons citer en
exemple beszmokamikizik “être sous
l’effet d’une drogue” (mot-valise construit à partir de l’anglais to smoke, “fumer”, et le nom propre Móka Miki, nom d’un personnage dans une
émission télévisée pour enfants, avec l’adjonction d’un préverbe et d’une
désinence verbale) ainsi que zsebzsötem
“masturbation” (hongrois zseb “poche”
+ fr. je t’aime). C’est ici que nous
devons parler des calques qu’on peut considérer comme une sorte d’emprunt et
qui - dans l’état actuel des recherches argotologiques - constituent une
catégorie particulièrement problématique, étant donné que des mots
peuvent connaître des évolutions parallèles d’une langue à l’autre
sans que l’influence de l’une sur l’autre ou inversement soit nécessairement
à supposer. Ainsi, par exemple, le fait que le hongrois farok (littéralement “queue”) et le
français queue aient tous les deux
abouti à une signification argotique “pénis” doit être considéré
sans nul doute comme une des preuves de l’existence d’universaux argotiques. On
ne peut pas exclure non plus, dans certains cas, la simultanéité de certains
mécanismes intérieurs et extérieurs: le dictionnaire historico-étymologique du
hongrois fait remonter par exemple durmol
(“dormir”) à une origine onomatopéique hongroise mais n’exclut pas
l’influence de l’allemand durmen
(même sens)[32]. Nous pouvons
considérer comme calque par exemple gyökér
(littéralement “racine”, en argot “stupide, mauvais”, qui viendrait de l’argot
allemand Wurzen)[33], nagy játékos (littéralement “grand
joueur” = “individu malin”; cf. all. Spieler),
fű, gyep (respectivement “herbe,
gazon” = “marijuana”, cf. slang. grass, même
sens), hó (“neige” = “cocaïne”,
cf. slang snow, même sens), gyors (“rapide”) et spuri (argot hongrois “vite!”), tous les deux synonymes de szpíd (cf. slang speed < angl. speed, “rapidité,
vitesse”), zöld (littéralement “vert”
= “marijuana”, cf. slang green, même
sens) ou zöldhasú
(“<ventre-vert>” = “argent”, cf. slang greenbacks, “dollar”).[34]
3.
Les éléments tsiganes et anglais: un lien entre les argots hongrois et
français.
Après la présentation diacronique
et l’analyse synchronique du rôle de l’emprunt dans la formation de l’argot de
Budapest, nous voudrions attirer l’attention sur un parallélisme entre les
argots hongrois et français. Un lien particulièrement intéressant est
constitué par un certain nombre d’éléments lexicaux d’origine tsigane qu’on
retrouve, parfois avec une signification légèrement modifiée, dans les
argots des deux communautés linguistiques. Pourtant, Dauzat - dans son ouvrage
paru pour la première fois en 1929 - constate que les éléments tsiganes
sont quasi inexistants en argot français[35]. Il en cite néanmoins
quelques exemples: berge, surin ou chourin, ou romanichel.
L’importance sociolinguistique de la communauté tsigane en France semble avoir
changé considérablement depuis les années 20. Dans le dictionnaire de français
des cités de Jean-Pierre Goudaillier (première édition: 1997), les
emprunts au tsigane occupent une place de choix[36]. D’après notre
corpus d’argot commun hongrois, nous avons pu identifier les éléments
(hungaro-franco-tsiganes) communs suivants:
hgr. bula (1. “vagin”, 2.
“femme”, cf. sinto/lovári bul,
“postérieur”) - fr. boule (“postérieur,
cul”); hgr. csór (“voler”, cf. sinto chōrel, “il vole”) - fr. chourav (“dérober, voler”); hgr. dzsal (“aller”, cf. sinto dzhal,
même sens) - fr. mettre les adjas “partir
rapidement”; hgr. gádzsi (“fille,
femme”, cf. sinto gādzhi, “paysanne”) - fr. gadji “fille, femme”; hgr. gádzsó (“homme”, voir plus haut) - fr. gadjo “gars, homme.; hgr. kajál (“manger”, voir plus haut) - fr. craillav (“manger”); hgr. lóvé (“argent”, cf. sinto/lovári pl. love, même sens) - fr. lové(s) “argent”; hgr. manus, manusz (“homme”, cf. sinto/lovári manush, “homme (tsigane)”) - fr. manouche “Tsigane, langue tsigane”;
hgr. mindzsó (“vulve”, voire plus
haut) - fr. minch “copine”; hgr. péló
(1.“pénis” 2. “individu
stupide et antipathique”, cf. sinto/lovári pēlo,
“testicule”) - fr. pélo “pénis, homme”; hgr. piás (“alcoolique” < arg. hgr. pia, “boisson alcoolique” < arg. hgr.
piál, “boire”, cf. sinto/lovári pijel, “il boit”) - fr. pillave
“boire” [37].
Dans le cas de certains éléments d’origine
tsigane, le hongrois semble avoir atteint un sens plus large, plus générique
que le français, plus fidèle au sens originel tsigane, ce qui n’a rien
de surprenant vu la chronologie du passage des éléments tsiganes dans l’argot
magyar. On peut citer par exemple les cas de boule-bula et de manouche-manus.
Cependant, la plupart subirent le même type de généralisation de sens
dans les deux langues: par exemple, gādzho signifie un paysan,
c’est-à-dire un individu non tsigane dans les dialectes tsiganes, alors
que ses équivalents hongrois et français réfèrent simplement à un
homme, peu importe ses origines ethniques. On peut constater cependant que -
contrairement à la majeure partie des emprunts au tsigane du français -
en hongrois, nombre d’éléments tsiganes se sont vulgarisés considérablement
durant leur long séjour en argot hongrois et sont passés dans l’argot commun
voire dans la langue familière. Parmi les éléments tsiganes de notre
corpus hongrois, csaj (“fille”, cf.
sinto chhaj, même sens), csávó (“garçon”, cf. sinto chhāvo, même sens),
csór, csóró (“pauvre”, cf. sinto
chorro, même sens), duma (“paroles
(en l’air)”, cf. lovári duma,
“parole”), dilinós (“fou”, cf. sinto dilino, “fou”), góré (“patron”, cf. sinto
gori, “petit propriétaire, fermier”),
kajál, lóvé, manusz, piás, séró (“cheveux”, cf. sinto/lovári shero, “tête”), vakerol (“parler, baratiner”, cf.
sinto/lovári vakerel, ”il parle”) et verda (“voiture”, cf. sinto verda, même sens) figurent, la plupart avec la mention szleng (“slang”), dans un dictionnaire
de synonymes d’usage général,[38] alors que chouraver
et manouche sont les seuls
d’entre nos exemples français à être admis dans Le Nouveau Petit Robert.[39] L’ancrage plus profond dans le hongrois des
mots issus du tsigane peut être également illustré par les longues séries
de synonymes obtenus par substitution de forme qui sont construits à
partir de certains emprunts au tsigane. Ainsi, csaj donne, par exemple, csajbinkó,
csajci, csajka, csajóca, csajszi, csajszli ou csajvadék;
à partir de kajál on a formé kajázik, kajol, ainsi que le déverbal kaja
ou l’adjectif kajás (“qui a faim”).
Il ne faut pas oublier d’ajouter ici que les
emprunts à l’anglais constituent également un lien entre les argots
hongrois et français. Nous pouvons citer par exemple:
hgr. bizniszel
(“faire des affaires” < hgr. fam. biznisz,
“affaires” < angl. business,
même sens) - fr. - business (“trafic,
affaires”); hgr. bossz (“patron” <
angl. boss,“patron”) - fr. - boss (“patron, chef ”); hgr. kúl (“bien, cool” < slang cool,“détendu, bien”) - fr. cool (“calme, détendu”); hgr. fákó (<juron>, cf. angl. fam. fuck (it)!, <juron>, < fuck, “posséder sexuellement”) - fr. fucker (“posséder sexuellement;
tromper”); hgr. lúzer (“individu
maladroit, malchanceux” < angl. loser,
même sens) - fr. loser (“homme
malchanceux”); hgr. fles (“expérience
positive” < slang flash = “flash,
brusque éblouissement sous l’effet de la drogue”) - fr. flash (“brusque éblouissement sous l’effet de la drogue”); hgr. dzsoint (“cigarette de haschisch” <
slang joint, même sens) - fr. joint (même sens); hgr. dzsánki
(“individu dépendant de la drogue” < slang junkie, même sens) - fr. junkie
(même sens); hgr. sit (“haschisch” < slang shit, même sens) - fr. shit (même sens); hgr. szpíd (“amphétamine” < slang speed,
même sens) - fr. speed
(même sens); hgr. sztondul (1.
“être sous l’effet d’une drogue” 2.
“las, fatigué” < slang to be
stoned, “être sous l’effet d’une drogue”) - fr. stoned (même sens)[40].
4.
Conclusion
Nous avons vu que d’un point de vue
historique, l’emprunt semble avoir joué un rôle bien plus important en argot
hongrois qu’en argot français. Cependant, dans l’état actuel des deux langues,
on constate un “renversement de la situation”: surtout dans les banlieues
pluriethniques de la France contemporaine, l’emprunt aux langues étrangères
serait actuellement un procédé plus productif que dans le cas des variétés
argotiques magyares de notre époque.
Il ne nous était pas donné ici d’analyser
les autres procédés de la formation du vocabulaire des argots hongrois, mais
les résultats des principales recherches sur leur vocabulaire,[41] ainsi que l’étude de notre corpus d’argot des
étudiants[42], nous
permettent d’avancer que ces mécanismes sont essentiellement les mêmes
que dans les argots français. Il convient néanmoins de préciser ici qu’à
nos connaissances, les argots à clef n’ont jamais joué, en hongrois, un
rôle vraiment important, alors que l’on connaît la place du verlan ou du
loucherbem parmi les variétés argotiques françaises.
Les cadres de notre travail ne nous ont
pas permis non plus d’analyser des aspects essentiels des pratiques argotiques[43] tels les populations concernées, les
situations, les thématiques ou les fonctions, mais les travaux hongrois y
relatifs[44] nous autorisent à conclure que malgré
les origines différentes des deux langues et les quelque mille km qui séparent
les deux pays, en Hongrie comme en France, les argots se forment et s’utilisent
d’une manière essentiellement analogue.
[1] In: Argots et Argotologie, La Linguistique, Paris, PUF, Volume 38, 2002-1, 113-127. o.
[2] Cf. Tamás KIS, 1997, Szempontok és adalékok a magyar szleng kutatásához - Viewpoints and Notes on Hungarian Slang Research, in Tamás KIS, (sous la direction de), A szlengkutatás útjai és lehetőségei, Debrecen, Kossuth Egyetemi Kiadó, p. 269.
[3] Cf. Loránd BENKŐ (sous la direction de), 1970, A magyar nyelv történeti-etimológiai szótára 2 (Dictionnaire historico-étymologique du hongrois 2), Budapest, Akadémiai Kiadó, p. 565.
[4] Cf. KIS, Szempontok... p. 270.
[5] Cf. Géza BÁRCZI, 1980, A “pesti nyelv” (La langue de Budapest, première édition 1932), in A magyar nyelv múltja és jelene, Budapest, Gondolat, p. 247 et KIS, Szempontok... p. 275-276.
[6] Il s’agit de la liste dite d’Eger, datée de 1811, qui contient le même type de vocabulaire que les quatre listes citées plus haut.
[7] Cf. BÁRCZI, A “pesti nyelv”, p. 249.
[8] Pour des documents tardifs de ce type d’argot, cf. KIS, Szempontok... p. 281.
[9] A rablóknak, tolvajoknak és kozákoknak együttvaló hamis és zavaros beszédeik, hasonlóan hamis és titkos cselekedeteik felfedezéséül összeiratott és kiadattatott a köznépek ovakodási hasznára, és a rosz emberektől való őrizkedéseikre Toronyai Károly által BékésCsabán. Pest 1862.
[10] En ce qui concerne les dictionnaires d’argot, ce genre de raisonnement “lexicographique” n’était pas tout à fait absent à la fin du XXe siècle non plus. Cf. par exemple József BOROSS - László SZŰTS, 1990, Megszólal az alvilág... A mai magyar argó kisszótára (Dictionnaire de l’argot hongrois contemporain), Budapest, IPV.
[11] Sándor JENŐ - Imre VETŐ, 1900, A magyar tolvajnyelv és szótára (L’argot hongrois et son dictionnaire), Budapest.
[12] Cf. BÁRCZI, A “pesti nyelv”, p. 254.
[13] Il faut noter ici que le tsigane et le yiddish, langues très peu connues en dehors des communautés concernées, ont été volontiers mis à contribution par les argotiers de divers pays. En Hongrie, à cause de l’assimilation de la population juive au tournant des XIXe-XXe siècles et des événements tragiques du milieu du XXe, le yiddish ne peut plus être considéré comme une source importante des argots hongrois depuis la deuxième moitié du siècle dernier, alors que les dialectes tsiganes continuent à exercer une influence sur les variétés non conventionnelles magyares.
[14] Pierre GUIRAUD, 1958, L’argot, Paris, PUF (première édition 1956), p. 17.
[15] Cf. Vilmos ZOLNAY, - Mihály GEDÉNYI, 1945-62, A magyar fattyúnyelv szótára (Dictionnaire de la langue bâtarde hongroise), Budapest, manuscrit, p. XVIII-XIX.
[16] BÁRCZI, A “pesti nyelv”, p. 255.
[17] Ottó HOFFMANN, 1996, Mini-tini-szótár. A mai magyar diáknyelv szinonimaszótára (Dictionnaire des synonymes du langage contemporain des étudiants hongrois), Pécs, University Press, p. 243.
[18] Denise FRANCOIS-GEIGER, 1989, L’argoterie, Paris, Sorbonnargot, p. 27-28.
[19] Mihály PÉTER, 1980, Szleng és költői nyelvhasználat (Le slang et le langage poétique), in Magyar Nyelvőr 104, p. 273-281.
[20] László T. ANDRÁS T. - Zoltán KÖVECSES, 1989, Magyar-angol szlengszótár (Dictionnaire de slang hongrois-anglais), Budapest, Maecenas.
[21] Pour une présentation diachronique du rôle de l’emprunt dans l’argot de Budapest, cf. aussi Dávid SZABÓ, 1988, Les mots d'origine étrangère dans l'argot hongrois, in Documents de travail VIII, Centre d'Argotologie, Université Paris V, pp. 120-121.
[22] Le corpus en question a été recueilli au printemps 2000 par les étudiants inscrits à mon séminaire d’argotologie à l’Université de Budapest.
[23] GUIRAUD, L’argot, p. 63.
[24] Jean-Pierre GOUDAILLIER, 2001, Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités, Paris, Maisonneuve & Larose (première édition 1997), p. 18-21
[25] L’orthographe des anglicismes non conventionnels n’étant pas systématique en hongrois, nous avons opté pour une transcription à la hongroise.
[26] En ce qui concerne les étymologies des mots empruntés au slang, nous avons consulté Jonathon GREEN, 1984, The Dictionary of Contemporary Slang, London, Pan Books et Richard A. SPEARS, 1982, Slang and Euphemism, New York, Signet (première édition 1981).
[27] István FAZAKAS, 1991, Jasszok, zsarók, cafkavágók. Életképek a vagányvilágból, ó- és új argószótár (Scènes de la vie de la pègre, ancien et nouveau dictionnaire d’argot), Budapest, Fekete Sas Kiadó et Zoltán KÖVECSES, 1998, Magyar szlengszótár (Dictionnaire du slang hongrois), Budapest, Akadémiai Kiadó.
[28] En ce qui concerne les étymologies des mots d’origine yiddish/hébraïque ou allemande, nous avons consulté ZOLNAY - GEDÉNYI, A magyar..., Loránd BENKŐ (sous la direction de), 1967-1976, A magyar nyelv történeti-etimológiai szótára 1-3 (Dictionnaire historico-étymologique du hongrois 1-3), Budapest, Akadémiai Kiadó, BÁRCZI, A “pesti nyelv”, p. 237-279 et FAZAKAS, Jasszok...
[29] Cf. BENKŐ, A
magyar... 2, p.306.
[30] La plupart des étymologies tsiganes reposent
sur György ROSTÁS-FARKAS - Ervin KARSAI, 1991, Cigány-magyar, magyar-cigány szótár (Dictionnaire tsigane-hongrois,
hongrois-tsigane), Kossuth Könyvkiadó (fondé sur le dialecte lovári) et Sándor
ROMANO RÁCZ, 1994, Kárpáti cigány -
magyar, magyar - kárpáti cigány szótár és nyelvtan (Dictionnaire et
grammaire tsigane carpatique - hongrois, hongrois - tsigane carpatique),
Budapest, Balassi Kiadó (dialecte sinto de Hongrie).
[31] Forme attestée par GOUDAILLIER, Comment..., p.199.
[32] BENKŐ, A
magyar... 1, p. 691.
[33] cf. BÁRCZI, A “pesti nyelv”, p. 263.
[34] Pour une présentation synchronique du rôle de l’emprunt dans l’argot de Budapest, cf. aussi Dávid SZABÓ, 2001, Les emprunts argotiques: analyse contrastive du procédé d’après un corpus d’argot hongrois, in Revue d’Etudes Françaises, Budapest, n° 6, p. 147-159.
[35] Albert DAUZAT, 1956, Les argots, caractères, évolution,
influence, Paris, Delagrave (première édition 1929), p. 85.
[36] GOUDAILLIER, Comment..., p.19-20.
[37]
Les définitions des éléments argotiques français
proviennent de GOUDAILLIER,
Comment... , à l’exception de celles de manouche et mettre les adjas,
empruntées à Jean-Paul COLIN - Jean-Pierre MEVEL,1990, Dictionnaire de l’argot, Paris, Larousse.
[38] Gábor KISS (sous la direction de), 1999, Magyar szókincstár. Rokon értelmű szavak,
szólások és ellentétek szótára (Dictionnaire des synonymes et des
antonymes), Budapest, Tinta Könyvkiadó.
[39] Josette REY-DEBOVE - Alain REY (sous la
direction de), 1993, Le Nouveau Petit
Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française,
Paris, Dictionnaires Le Robert.
[40] Pour les définitions françaises nous avons
consulté GOUDAILLIER,
Comment...
et Colin-MEVEL, Dictionnaire....
[41] Cf. BÁRCZI, A “pesti nyelv”, p. 267-279 ou
HOFFMANN, Mini-tini-szótár, p.
257-262.
[42] L’analyse du corpus en question est le sujet
d’une thèse de doctorat dont la soutenance est prévue, à
l’Université Paris V, pour l’année 2002.
[43] Cf. Jean-Pierre GOUDAILLIER, 1996, Les parlures
argotiques: noyau ou marges de la langue?, in Jean-Paul COLIN (sous la
direction de), Les argots: noyau ou marges de la langue?, BULAG, numéro hors série, Besançon, p. 149.
[44] Cf. par exemple BÁRCZI, A “pesti nyelv” ou
KIS, Szempontok..., p. 237-296.